WEST Intérieur
Dans de nombreuses traditions spirituelles et philosophiques, l’Ouest symbolise bien plus qu’un point cardinal : il représente le monde invisible, l’au-delà, la fin d’un cycle et le seuil d’un autre. Dans cette série, j’entoure systématiquement le mot “WEST”, comme on tracerait un cercle autour d’un rêve, d’un secret, ou d’un passage intérieur. Ce n’est pas une fuite du monde que je peins, mais une quête d’orientation existentielle. L’ouest devient ici une direction intérieure, un territoire émotionnel que l’on tente d’atteindre. Chaque toile agit comme une carte mentale, un repère dans ce labyrinthe intime. Les visages que je représente, bruts, expressifs, souvent déformés, sont les masques de cette recherche : ils crient, pleurent, se taisent, s’interrogent. Ils traduisent cette tension humaine constante entre l’être et l’image de soi, entre ce que l’on ressent et ce que l’on donne à voir. Ce sont des personnalités, parfois multiples, parfois fracturées Les mots, eux, sont tantôt affirmés, tantôt barrés. Ils vacillent entre certitudes et doutes. Il ne s’agit pas ici de dénoncer, mais plutôt de cartographier une périphérie intérieure, un endroit où les émotions débordent du cadre rationnel. Le langage visuel est volontairement brut, presque enfantin, pour laisser parler l’instinct, l’urgence, l’émotion. Ce que je cherche à peindre n’est pas “beau”, c’est vrai, ou du moins viscéral.
ARTISTS ARE TRADERS - 07/10
Ce tableau questionne le rôle de l’artiste dans un monde obsédé par la valeur, l’argent, l’image. «Artists Are Traders» pose une vérité brute : créer, aujourd’hui, c’est aussi négocier, s’exposer, se vendre. L’artiste devient un acteur du marché, parfois malgré lui, pris entre sincérité et stratégie. Les symboles parlent d’eux-mêmes. Le signe de l’euro, la céramique bleue, référence au luxe et au patrimoine, à la valeur décidée par d’autres. Une tête au regard dur occupe l’espace, entre tension et ironie. L’artiste ici n’est plus seulement un créateur, mais un intermédiaire, un courtier en émotions, un vendeur d’images. La composition garde une apparente naïveté, avec ses lignes franches, ses contours épais au feutre noir, ses lettres dessinées à main levée. Mais cette simplicité est une façade. Le fond est griffonné, raturé, recouvert de marques nerveuses et de couches effacées, comme autant de strates mentales et de doutes intimes. L’œuvre expose ce tiraillement permanent entre art et commerce, entre création authentique et besoin d’exister dans un système. Le mot “WEST” apparaît une nouvelle fois, entouré, isolé, comme une direction intérieure. Ce n’est pas un cap géographique, mais un rappel de soi, une orientation vers l’essentiel. Ce tableau n’est pas une plainte. C’est une prise de conscience. Il affirme que l’artiste évolue dans l’économie, mais qu’il peut garder sa voix, son regard, sa lucidité.
