La Terre-Mère est une œuvre que j’ai peinte dans un moment de repos intérieur, de paix mentale. Elle raconte ce que je ressentais à ce moment-là : un besoin de recentrage, de calme, d’ancrage. Le paysage est inspiré du geyser d’Analavory, à Madagascar, ma terre d’origine, une terre que je ressens comme vivante, dense, vibrante.
Sur la toile, j’ai représenté deux femmes nues, de dos. Ce choix est loin d’être anodin. Je voulais m’éloigner de la représentation classique de la femme objet, souvent exposée dans sa nudité comme disponible pour le regard. Ici, au contraire, les femmes sont doutonnées, tournées vers la nature, en lien avec le sol et le paysage, et non pas vers l’observateur.
Elles se réapproprient leur corps, par le simple fait d’être là, sans se donner à voir. Elles choisissent de faire face à la nature, à quelque chose de plus grand qu’elles, dans une forme de connexion libre et assumée.
Elles incarnent une matriarche silencieuse, non pas pour guider ou transmettre, mais pour exister pleinement. Leur présence, leur repos, leur ancrage disent tout. Elles sont en paix, autonomes, et inscrites dans un rythme organique.
Dans mon travail, je peins autant le réel que le ressenti. Les couleurs, ici, traduisent ce que je ne peux pas dire autrement :
• le rouge profond de la terre, qui devient presque un cœur,
• les veines d’eau bleue, qui circulent comme un flux intérieur,
• la matière, dense, qui relie les corps à la terre comme un prolongement.
Il y a aussi une histoire, discrète, presque souterraine :
celle de deux femmes qui se retirent du regard,
qui retrouvent une liberté dans le lien à la nature,
et qui, par ce geste simple, reprennent possession d’elles-mêmes.
La Terre-Mère est donc un tableau sur le corps libre, sur la paix intérieure, sur l’union entre le vivant et l’humain, sans artifice, sans revendication frontale, mais avec force.
