Submersion donne à voir une lutte intérieure où l’anxiété et la dépression ne font plus qu’un. Ces deux états se mélangent, se nourrissent, s’entrelacent, jusqu’à former une entité unique : une créature mentale, insidieuse, invasive, qui consume lentement l’être de l’intérieur.
Le visage du bas sourit. Mais ce sourire est un masque — une façade tendue par nécessité. Il représente l’effort quotidien pour rester debout, pour paraître stable alors que tout s’effrite. Ce visage est celui que l’on montre, même quand l’esprit est à bout. Il est la dernière résistance.
Le visage supérieur, plus sombre, plus mouvant, incarne cette présence psychique vorace. L’anxiété y prend la forme de tentacules, qui cherchent à saisir, à tirer, à submerger. La dépression, elle, attend. Elle guette, langue sortie, se léchant les babines, prête à dévorer ce qui reste. Ensemble, elles forment une seule entité affamée, silencieuse et constante.
Les deux figures sont reliées par des racines marron, épaisses et noueuses, qui évoquent un ancrage profond, inévitable. Mais à l’intérieur de ces racines circulent des fils dorés : c’est l’énergie vitale, l’essence de soi. Ce sont ces filaments précieux que la créature aspire, lentement, insidieusement. Les racines ne nourrissent pas : elles vampirisent. Elles deviennent le canal de la dévoration.
Les couleurs portent ce récit :
– Le bleu, froid, désaturé, enveloppe les deux visages dans une immobilité émotionnelle.
– Le rouge du fond contient une tension sourde, une urgence invisible.
– Le jaune, en suintement, est une alerte : la vitalité se retire.
– Le doré, discret mais présent, est la seule trace d’espoir — fragile, en voie d’extinction.
Avec Submersion, je cherche à représenter non pas un moment de crise, mais un processus, une lente absorption de soi par ce que l’on ne contrôle pas. C’est une peinture de l’endurance, de l’effacement progressif, et du combat intérieur que l’on mène… en silence.
