WEST Intérieur
Dans de nombreuses traditions spirituelles et philosophiques, l’Ouest symbolise bien plus qu’un point cardinal : il représente le monde invisible, l’au-delà, la fin d’un cycle et le seuil d’un autre. Dans cette série, j’entoure systématiquement le mot “WEST”, comme on tracerait un cercle autour d’un rêve, d’un secret, ou d’un passage intérieur. Ce n’est pas une fuite du monde que je peins, mais une quête d’orientation existentielle. L’ouest devient ici une direction intérieure, un territoire émotionnel que l’on tente d’atteindre. Chaque toile agit comme une carte mentale, un repère dans ce labyrinthe intime. Les visages que je représente, bruts, expressifs, souvent déformés, sont les masques de cette recherche : ils crient, pleurent, se taisent, s’interrogent. Ils traduisent cette tension humaine constante entre l’être et l’image de soi, entre ce que l’on ressent et ce que l’on donne à voir. Ce sont des personnalités, parfois multiples, parfois fracturées Les mots, eux, sont tantôt affirmés, tantôt barrés. Ils vacillent entre certitudes et doutes. Il ne s’agit pas ici de dénoncer, mais plutôt de cartographier une périphérie intérieure, un endroit où les émotions débordent du cadre rationnel. Le langage visuel est volontairement brut, presque enfantin, pour laisser parler l’instinct, l’urgence, l’émotion. Ce que je cherche à peindre n’est pas “beau”, c’est vrai, ou du moins viscéral.
DEUX
Ce tableau évoque l’amour non pas comme une émotion brute ou destructrice, mais comme un moment de renaissance. Deux visages se font face, liés côte à côte, dessinés d’un même geste bleu vif, presque enfantin. Ils se regardent, se frôlent, partagent une même énergie. Il y a dans cette composition une forme d’osmose, quelque chose de doux, de fragile, mais de puissamment vivant. Une alliance silencieuse, née au milieu du chaos. L’arrière-plan reste instable, griffonné, saturé de marques et de tension, comme le souvenir encore frais d’un passé brisé. Mais au centre, une tache orange, carrée, éclaire la scène comme une chaleur intérieure qui revient. C’est le feu de la reconstruction, de l’amour retrouvé, ou peut-être réinventé. L’union des deux visages ne nie pas la douleur, elle l’intègre et la transforme en matière nouvelle. Le style reste fidèle à l’ensemble de la série. Il est brut, instinctif, fait de superpositions, de matières vives, de tensions graphiques. L’acrylique, le feutre et le collage se mélangent dans une composition organique, immédiate. Les contrastes entre l’obscur et le lumineux renforcent cette idée de passage, de bascule. L’amour n’est pas ici un point de départ ni une conclusion, mais un lieu de transformation. Un endroit où recommencer autrement. Comme dans chaque toile de la série, le mot “WEST” est encerclé. Il ne désigne pas un lieu géographique, mais une direction intérieure, un espace symbolique vers lequel on avance quand on cherche quelque chose de vrai. Ce tableau parle d’un amour qui ne s’effondre pas, mais qui se reconstruit. Un amour qui guérit. Qui tient.
